Politesse : la base de l’éducation?

SI vous me suivez depuis un moment, vous savez qu’ici, je n’attends pas de mes enfants qu’ils soient polis. En résumé (et si vous avez la flemme de lire le lien que j’ai pourtant pris le temps d’insérer – bandes de petits coquinous), je suis persuadée qu’ils apprendront d’eux-mêmes, par imitation. Sans leur rabacher de dire le petit mot magique. Sans faire de chantage type je te donne ça si tu me dis s’il te plait. Bref, vous voyez l’idée.

Evidemment, ce point de vue sur la politesse est assez…marginal (bien que documenté et conscient, disons le). Et cela mène souvent à des conversations très stériles avec les défenseurs absolus du « s’il te plait – bonjour – merci ».

Et je dois vous dire, que , souvent, cela a le don de m’agacer et de me faire perdre ma bienveillance. Car jamais je n’ai reçu une explication argumentée. Mais toujours un ramassis de lieux-communs, de raccourcis à la mord-moi-le-noeud et de confusions en veux-tu en voilà.

Un petit florilège? « La politesse, c’est la base », « la politesse, c’est le respect », « ah bah voilà, avec des enfants qui ne sont pas polis, on comprend pourquoi y’a autant de délinquants ».

Et si on décortiquait un peu tout ça pour mettre les choses à plat?

La politesse, une marque de respect?

Faisons tout d’abord appel à notre ami Google et demandons lui une petite définition.

Politesse: nf; ensemble de règles qui régissent le comportement, le langage à adopter dans une société; le fait et la manière d’observer ces usages.

Et comme Google est un ami zélé, il me propose même des synonymes: Civilité, courtoisie, éducation, savoir-vivre.

Riches de cette belle définition, que peut on conclure? La politesse est donc un ensemble de règles. Ces règles sont propres à chaque société. Ce sont donc des conventions. Dans certains pays, c’est super poli de roter après le repas. Chez nous, euuuuh, bof.

Du coup, on pourrait dire que la politesse, c’est un ensemble de codes, qui nous permet de rendre les relations plus agréables et douces. Elle permet aussi une première forme de prise de contact.

Elle est certes un signe de respect. Mais elle n’est pas LE respect.

Respect: nm; sentiment qui porte à accorder de la considération à quelqu’un en raison de la valeur qu’on lui reconnait

On respecte quelqu’un pour ce qu’il est ou ce qu’il fait. A ce titre on pourrait dire que la politesse est le degré zéro du respect. Je te dis bonjour parce que tu es un autre être humain. Ca ne veut pas dire que je t’admire, que je te que je porte de la considération à ton être ou a tes réalisations. D’ailleurs, ça se trouve, je te dis bonjour et je te connais même pas. Ou même je t’aime pas. Mais, bon, tu es là, je suis là, on est deux êtres humains et j’ai été bien élevé alors…

On voit bien que la politesse est une marque superficielle de respect. Et réduire le respect à la politesse… et bien, c’est oublier l’essentiel.

La politesse, une preuve d’empathie?

Mettons qu’un monsieur qui porte un chapeau vous bouscule dans la rue par accident.

Scénario 1: Il dit pardon et continue à marcher

Scénario 2: Il s’arrête, vous regarde et vous demande « comment allez-vous? Avez-vous besoin de quelque chose? »

Dans quel cas vous sentez-vous le plus pris en compte? Je parie que c’est le deuxième, hein?

Oh, vous allez me dire, l’un empêche pas l’autre. On peut s’excuser ET prendre des nouvelles. Bien sûr. L’idée ici est de montrer que dire « pardon » n’est pas forcément signe qu’on considère l’autre. Si on le fait par automatisme, je ne crois pas que ça apporte une quelconque consolation.

Quand on est lesé, ce dont on a besoin, c’est que quelqu’un prenne soin de nous. Des excuses sont un moyen de le faire. Parmi d’autres.

Quand un de mes enfant fait mal à quelqu’un, plutôt que de lui demander de « dire pardon », je lui suggère de « prendre soi de l’autre« . Et croyez moi qu’ils ont tout un tas d’idées sur la manière de le faire. Du calin au dessin, en passant par faire le clown pour « allumer un sourire » sur le visage de l’autre… les options ne manquent pas.

Et je crois que cela développe largement plus leur empathie que de leur demander de dire un mot précis.

La politesse, on l’enseigne à nos enfants ou pas alors?

Je vous le disais en introduction, ici, je n’en fait pas des caisses autour de la politesse. Parce que finalement, je crois que ce sont des codes assez superficiels.

Les questions sous-jacentes au titre de l’article sont: qu’est ce que je veux transmettre à mes enfants? Quelles sont mes valeurs clefs? Quels sont mes objectifs en tant que parent?

En soi, je préfère développer chez mes enfants l’empathie et le respect que la politesse. Je mets de l’énergie dans l’identification des émotions, le développement de la connaissance et de l’estime de soi. Ca, ce sont des bases de l’éducation que je donne à mes enfants. Celles qui j’espère en feront des adultes épanouis et heureux.

Alors, la place de la politesse là-dedans? Elle est assez petite dans mon esprit. Seulement, au quotidien, c’est parfois lourd pour moi et mes enfants, quand les autres leur font du chantage au petit mot magique. Quand certains leurs font remarquer leurs « oublis ». Ou quand carrément on les traite devant eux de « sauvages » parce qu’ils n’ont pas dit bonjour.

Alors, oui, la politesse rend la vie plus facile, parce que c’est la norme et que malgré tout, c’est une manière de faire plaisir aux gens.

Ceci dit, pour l’instant, et comme je suis quasiment H24 avec mes enfants, je reste globalement sur ma ligne de conduite d’attendre et de donner l’exemple. Je pense que mes enfants acquiereront ces conventions à leur rythme de cette manière. Mais parfois, pour me donner bonne conscience, je propose des petits jeux de politesse, je propose de reformuler une demande, je souligne les merci ou s’il te plait quand ils arrivent.

Et vous, quelle est votre ligne de conduite sur la politesse?


5 réflexions sur “Politesse : la base de l’éducation?

  1. Pillowlava dit :

    Ici on trouve que le bonjour et le s’il te plaît sont importants. On explique que ce sont des conventions, des choses auxquelles de nombreuses personnes sont attachées et que donc c’est important pour les relations aux autres en France. C’est en effet complètement hypocrite d’une certaine façon 🙂 mais assez réaliste…
    Mais on ne force pas à faire la bise, ni à dire pardon, ni à dire merci. Ca peut sembler bizarre mais je trouve que ceux-là doivent venir du coeur…

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    • parents, ça s'apprend ! dit :

      Merci pour votre commentaire ! Je comprends bien la distinction que vous faites car derrière merci, pardon et la bise il y a possiblement plus que des conventions, les enjeux ne sont pas les mêmes ! C’est un point de vue qui m’intéresse et alimente ma reflexion en tout cas !

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  2. Emmeline dit :

    Bonsoir,

    Je vais commencer par préciser que je crois que ces deux articles sur la politesse sont les seuls auxquels je ne souscris pas à au moins 80% sur ce blog (du coup, en bonne Française, je ne commente que ce que je n’aime pas. Euh, c’est moyennement positif, je suis désolée…) dont j’apprécie beaucoup toute la tonalité.
    Je suis d’accord, disons, jusqu’à dire que la politesse est le degré zéro du respect. Et donc… et donc j’estime que ce degré zéro est justement le minimum absolu. Contrairement à ce que tu écris dans l’article, je préfère largement un « pardon » automatique à pas de pardon du tout (qui me semble verser du citron sur la plaie !), un « bonjour » de quelqu’un que je n’aime pas à un snobage en règle. Ca n’empêche absolument pas l’empathie de venir en plus, et même ça peut l’aider : si on dit bonjour à quelqu’un, on a plus de chance de tourner la tête vers lui et de le regarder que si on l’ignore complètement. nfin, comme toi, je respecte mes enfants en les traitant avec le même respect que j’aurais pour un adulte (je pense souvent à mon petit frère, 27 ans quand même, dans ces cas-là) : or si un adulte manquait aux règles de la courtoisie, je lui ferais remarquer gentiment mais fermement. Pour un enfant, je lui fais remarquer gentiment (tout court) mais je ne laisse pas passer pour autant.

    La première chose qu’ont intégrée mes enfants en termes de politesse est le « merci », et ils ont bien noté que c’était un petit mot qui avait pour but de montrer à l’autre qu’il nous avait fait plaisir, qu’on avait conscience qu’il avait pensé à nous. Par ailleurs je pense que c’est assez facile à gérer pour les petits cerveaux puisque c’est un mot à sortir quand on est heureux (en revanche, je pense que le « s’il te plaît » est beaucoup plus compliqué !). Le « pardon » est suggéré mais jamais forcé, on le présente comme une façon de dire à l’autre qu’on pense à lui et qu’on espère qu’il n’a pas de chagrin. Enfin, la bise n’est jamais ne serait-ce que suggérée et je ne la mets pas sur le même plan : il est inadmissible de refuser un mot à un autre être humain, mais on peut très légitimement refuser un toucher.

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    • parents, ça s'apprend ! dit :

      Bonsoir,

      Et merci d’avoir pris le temps d’écrire ce commentaire. Je n’ai aucun soucis avec le fait de ne pas être d’accord et même, je suis heureuse de recevoir différents points de vue sur les sujets qui m’importent (surtout quand ils sont amenés avec bienveillance et argumentés!) 😉

      Ceci dit, je reste sur ma position. A savoir que je ne compte pas investir mon energie de parents dans la transmission des conventions du « bonjour », « merci » « aurevoir »… en tout cas pas autrement que par l’exemple !
      Pour moi, ces conventions n’ont d’utilité que dans les relations superficielles. Tu as raison de dire qu’on peut se sentir snobé si notre voisine de pallier ou notre collègue ne nous dit pas bonjour. Ceci dit, peut-on voir aussi que c’est alors seulement notre égo qui en prend un coup sur la base de l’histoire qu’on se raconte à ce moment la?

      Dans une relation de qualité, je ne me satisferai pas d’un « salut ça va? » déposé sans aucune intention d’avoir une réponse et je serai probablement aussi vexée d’un pardon emis sans aucune intention que de rien du tout.
      Dans les vraies relations, celle de cœur à cœur, on peut tout à fait oublier ces conventions sans en prendre ombrage et elles peuvent être remplacées par d’autres qui ont plus de sens à nos yeux (un calin au lieu d’un bonjour, faire un dessin pour s’excuser….)

      Bref, je préfère mettre mon energie à développer l’empathie de mes enfants plutôt qu’à leur faire intégrer des conventions que de toute manière ils integreront par imitation. Et qu’ils integreront aussi parce que comme tu le dis, elles sont aussi utiles pour l’entrée en relation (une relation profonde commence par une relation superficielle la plupart du temps).

      Mais tant qu’elles ne font pas sens pour eux, je n’en vois pas l’interet . Les enfants n’ont pas besoin de se dire bonjour avant de se mettre à jouer. Ils en ont généralement rien à cirer des excuses du copains quand ils se sont fait taper.

      Enfin et pour finir, dans les relations « adultes / enfants », je ne crois pas au pouvoir de la « correction ». Je ne corrige pas les fautes de français de mes enfants, je ne corrige pas non plus leurs fautes de « conventions ». Je pense que cela peut être source d’humiliation (même dit sur le plus gentil des tons) ou, de lassitude par rapport au sujet en question. Et pour certains adultes, qui s’acharnent à demander un s’il te plait ou un merci, c’est pour moi carrément une recherche de pouvoir et de soumission.

      Quoiqu’il en soit, merci d’avoir partagé ton point de vue, malgré tout ça me fait reflechir et avancer dans mes propres réflexions.

      Belle soirée et au plaisir d’échanger.

      Sophie

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