Famille: quand nous n’avons pas les mêmes valeurs (éducatives)

Récemment sur les réseaux sociaux, j’ai vu passer beaucoup de posts concernant les différends avec la famille sur l’éducation des enfants. Remarques désobligeantes, remise en cause des choix éducatifs voire acharnement de nos proches à prendre le contre pied de nos directives éducatives … oui, beaucoup de parents semblent avoir passé des fêtes…compliquées !

Et dans ces posts, beaucoup de conseils tournaient grosso modo autour de « c’est toi qui a raison, les autres sont des cons, n’y va plus, impose toi« .

Même si je comprends très bien les motivations qui poussent à ces raisonnements, je vous propose ici de faire un pas de côté. De voir un peu plus en profondeur ce qui peut se jouer dans ces situations et de sortir d’un schéma de pensée binaire . Et enfin de mettre un peu plus de douceur et de compréhension dans nos relations.

Le jeune parent doit faire ses preuves

Nos enfants sont la prunelle de nos yeux. Nous avons des convictions fortes sur ce qui est bon pour eux. Nous ne tolérons pas que d’autres balayent d’un revers de main les principes qui nous tiennent tant à coeur.

Et justement, parce que nos choix sont parfois le fruit d’une réflexion poussée, de recherches approfondies, nous ressentons le besoin de les défendre becs et ongles. De prouver que si on ne force pas notre enfant à faire des bisous ou encore si on ne lui crie pas dessus lorsqu’il fait une « bêtise« , ce n’est pas juste une lubie de jeune parent qui veut se construire dans l’opposition.

Et pourtant, on pourrait tout aussi bien faire le choix de laisser couler! Mais, c’est qu’au delà de ces considérations, d’autres enjeux surgissent. Les nouveaux parents doivent souvent se créer une crédibilité. Montrer qu’ils ne sont plus (que) les bébés de la famille mais maintenant des adultes responsables, capables de faire des choix. Les nouveaux grands-parents doivent accepter de quitter le devant de la scène et de laisser la place à leurs enfants dans l’éducation de la génération future.

Tout cela demande du temps et de l’adaptation de tous les côtés. Et peut être source de tensions au début.

Les choix éducatifs différents peuvent être mal vécus

Au-delà de ces aspects, faire des choix d’éducation très différents peut engendrer incompréhensions et tensions.

Tout convaincu qu’on est de nos choix ( après tout, ce sont les neurosciences qui le disent! ) , on peut vite virer au militantisme. Et entrer dans un rapport de force à base de j’ai raison et tu as tort. Au risque d’abimer la relation avec nos proches.

Alors pouvons-nous faire un pas de côté et voir ce qui se joue aussi pour la famille quand on fait des choix différents? Notamment le maternage et la bienveillance?

Par exemple, pouvez vous vous figurer la frustration de la grand-mère qui ne voit que rarement son petit-enfant et qui ne peut le prendre dans les bras ou l’embrasser?

Voyez-vous aussi que les membres de notre famille peuvent se sentir démunis et perdus, quitte à ne plus savoir comment se comporter avec nos enfants… Au risque de ne plus oser interagir?

Peut-on entendre aussi que nos choix puissent être vécus violemment, comme des remises en cause voire des accusations?

Alors, qu’on s’entende bien, je ne dis pas qu’il faut mettre de côté tous nos principes. Je dis juste qu’en se mettant à la place de l’autre, on aura une manière peut-être plus douce d’amener les choses. Peut-être aussi qu’on se sentira OK de lacher sur certains de nos principes, le temps d’une journée.

Oh, bien sur, chacun, en fonction de son histoire et de ses limites choisira où il met le curseur. Pour moi, c’est impensable qu’on punisse mes enfants, qu’on leur fasse du chantage ou qu’on les menace par exemple. Par contre, je lache parfois prise sur les personnes qui les attrape sans les prévenir (et je verbalise moi-même « oh tu t’es fait attrapé! »), sur les personnes qui donnent des sucreries (c’est pour une fois!) ou sur l’exposition aux écrans (et pourtant ca me crispe, on n’a pas de télé à la maison ! ).

Car je garde en tête que ces comportements, maladroits aux vues de mes principes, partent de l‘envie de créer du lien avec mes enfants. Et je veux que mes enfants aient des liens avec les membres de leur famille.

En finir avec la toute-puissance du parent bienveillant

Je ne sais pas si ma réflexion vous parlera, mais il me semble qu’à force de convictions et sous pretexte de bienveillance…nous pouvons avoir tendance à nous donner un impact démesuré dans le bonheur de nos enfants.

Certes, le jeune enfant vit principalement par sa mère. Certes, nous sommes les principaux garants de leur bonheur au quotidien. Mais gardons aussi en tête qu‘ils ne se construisent pas qu’a travers nous. Que d’autres experiences que celles qu’on leur propose leur arrivent et participent à les construire. Et c’est normal. Ça prend un village d’élever ses enfants.

Les enfants ont besoin d’être aimés, entourés, écoutés. Mais n’ont pas besoin d’être mis dans une bulle. Nous devrions, des leur plus jeune âge, leur permettre de participer à la vraie vie. D’être intégrés dans le monde et dans leur famille. Alors, oui, ils y vivront des modalités d’échange différentes. Qui parfois nous heurterons. Mais dans la limite de ce que nous estimons acceptable, pouvons nous lâcher prise? Et garder confiance en leurs capacités d’adaptation ET de résilience.

Oui, ce n’est pas agréable de se faire attraper sans être prévenu. Ce n’est pas l’idéal de manger un bonbon à 2 ans. Ou de se faire couvrir de cadeaux à chaque occasion quand on a des parents minimalistes. Mais, peut-on garder en tête que l’intention derrière le comportement compte aussi?

En conclusion

Nos enfants ne sont pas que nos enfants. Ils appartiennent à la lignée. Ils sont aussi les petits-enfants de leurs grands-parents, les neveux de leurs oncles et tantes, les cousins de leurs cousin(e)s.

Ils ne nous appartiennent pas. Et quoi qu’on fasse, nos faits et gestes ne sont pas les seuls qui conditionneront leur avenir.

Notre rôle n’est pas d’éliminer de leurs vies toutes les situations inhabituelles ou désagréables mais de leur apprendre à les traverser et à s’adapter.

Enfin souvenons nous que certaines graines mettent du temps à pousser et qu’en attendant… on n’est pas obligé de couper les ponts!

6 réflexions sur “Famille: quand nous n’avons pas les mêmes valeurs (éducatives)

  1. Cécile dit :

    Voilà un raisonnement très intéressant qui invite à la réflexion pour mettre les choses en perspective tout en étant dans l’empathie. Bravo pour cet article qui vaut vraiment la peine d’être lu.

    Aimé par 1 personne

  2. Delph dit :

    Tout à fait d’accord! Il ne faut pas devenir extrémiste de la parent alité positive! Mes enfants sont ados et le message est passé tout en douceur au fil des années. Certaines de nos méthodes ont été adoptées par les oncles et tantes, les grands parents. D’autres pas… C’est pas grave. Ils ne mangent pas la même chose, ne font pas pareil, mais ça les construit et ils sont contents de rentrer à la maison!
    Ce genre d’article fait du bien, bravo et merci!

    Aimé par 1 personne

    • parents, ça s'apprend ! dit :

      C’est chouette d’avoir ton retour avec un peu plus de recul que moi comme tes enfants sont ado et de voir que finalement certains messages peuvent passer en douceur. Et que pour le reste, tout le monde peut s’en accommoder et en sortir enrichit! Merci ❤️

      J’aime

  3. Emma - Parent Plus Qu’Imparfait dit :

    Bravo pour cet article que je valide à 100%! Certains de seront pas d’accord mais je pense qu’il va faire du bien à beauxoip de parents et qu’ils s’accorderont enfin le droit de lâcher prise quelquefois.
    Merci!

    Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire